Je ne sais pas vous, mais j’ai toujours l’impression de courir après le temps (ou courir après les enfants ?). Chez moi, la galère du matin ça commence dès le lever : c’est déjà la « course contre la montre », la routine du matin s’éternise, ce qui a le don de m’agacer, voire parfois de me faire « dégoupiller » et de hurler dans la maison : « Mais dépêchez-vous, bordel ! On va être en retard ! »
« Dépêches toi ! Mais t’as pas encore fini ? Tu attends quoi ? Arrête de rêver ! Alleeezz, dépêches toi ! Et bah voilà, on va être en retard à cause de toi ! ».
Voilà mon vocabulaire du matin… à l’opposé des principes de l’éducation bienveillante et positive, que j’ai découvert il y a quelques mois, dont je connais la théorie, mais dont j’ai encore du mal à mettre en pratique 😉
A 4 ans et demi – 5 ans ma fille refusait de s’habiller toute seule, prétextant qu’elle n’y arrivait pas. Certaine qu’elle savait très bien et qu’elle était capable de le faire toute seule, je m’agaçais, lui refusant toute aide. Le manège pouvait durer une demi-heure : entre les cris des uns et des unes :
– Maylis, habille toi, il est l’heure !
– Viens !
-Quoi ?
-Viens ! J’arrive pas à m’habiller.
-Non, tu es assez grande pour t’habiller toute seule.
-Non, viens, c’est trop dur ! Aide moi.
-Mais si, tu vas y arriver, t’es grande !
-Je veux pas cette jupe, elle tourne pas, et en plus ce tee-shirt il gratte !
-Mais si c’est très bien !
-NOOONNN, se mettant à pleurer, j’aime pas, je la mettrai pas.
-Bah vas-y choisis quelque chose d’autres, mais bouges toi !
Après 10 minutes de silence : Quoi, mais tu n’as mis que ta culotte ? Ça fait une heure que je t’ai réveillé ! Tu fais quoi ??! Allez on va être en retard !
Généralement c’est là où ça dégénérait : les nerfs à vifs (oui, il m’en faut peu ;-)), je me mettais à lui enfiler brutalement son tee-shirt, tout en lui criant que ce n’était pas sérieux, qu’elle faisait le bébé et que FRANCHEMENT, elle pourrait y mettre du sien !! La prochaine fois elle irait à l’école en pyjama !
Je vous passe les détails du petit déjeuner, du brossage des cheveux et des dents ….
8h20 : On quittait la maison tous bien tendus, parfois dans les larmes.
Bref, c’était la galère du matin 😉
Ça, c’était avant les conseils avisés d’une pédopsychiatre, que l’on avait décidé de consulter car notre fille « ne mangeait pas ».
Premier conseil :
Si votre enfant traine au lit, s’il a du mal à se réveiller le matin : prévoyez plus de temps, avancez votre réveil d’un quart d’heure (ou plus) afin de ne pas stresser tout le monde avec un timing trop court. Ainsi, vous aurez plus de temps pour VOUS préparer tranquillement, avant de préparer les enfants.
Chacun son rythme ! Ma filles est « lente », je suis « speed » : ma prochaine lecture sera Éloge de la lenteur de Carl Honoré, je suis sûre que j’apprendrai plein de choses très intéressantes ;-).
Deuxième conseil :
Laissez votre enfant choisir ses vêtements. Préparez les avec lui le soir pour le lendemain, cela devrait faire gagner un peu de temps le matin, en évitant les batailles de « je ne veux pas mettre ça ».
Merci pour les conseils, mais ça n’a pas résolu ma galère du matin pour autant !
Depuis, j’ai découvert les livres et les conférences d’Isabelle Filliozat et beaucoup d’autres ressources qui m’aident au quotidien à comprendre les réactions de mes enfants et mes propres réactions.
Ainsi, j’ai compris que choisir ses habits, permet à l’enfant de développer son autonomie et sa confiance en lui : « je suis capable de prendre des décisions, j’affirme ma personnalité ».
Dans son livre « Il me Cherche !« , p.101, Isabelle Filliozat écrit que :
« Les parents envoient parfois des messages contradictoires. Quand la mère prépare les affaires de son fils, ce dernier peut entendre le message suivant : « je le fais parce que tu n’es pas capable. » La passivité de l’enfant est directement liée à ce sentiment d’incompétence. S’il n’arrive pas à se fâcher contre sa mère, il se sentira tout petit et démuni ».
Cependant, en laissant choisir votre fille, il se pourrait qu’elle se retrouve avec une robe à bretelles en plein hiver ou bien avec une chemisette bleue à carreaux assortie d’une jupe rose à pois sur un leggings vert anis ! Qu’elle trouve ça joli : soit ! Que le ridicule ne tue pas : okay. Mais au final le narcissisme de maman en prend un coup.
Alors, comment concilier les deux susceptibilités ?
« Quand l’enfant obéît à un ordre, son cerveau frontal reste inactif. Quand vous la faites réfléchir, quand vous lui offrez un choix, et lui laissez donc un espace de décision personnelle (pas question de la laisser décider de tout bien sûr !) vous lui proposer de mobiliser son cerveau frontal, celui qui permet de penser, de décider, d’anticiper, de prévoir… de devenir responsable. »I. Filliozat dans J’ai tout essayé, Ed.Poche Marabout, p.78.
Par rapport à la troisième solutions qui est « poser des questions, faire réfléchir », je vais vous partager une anecdote qui illustre bien ce principe.
Mon fils avait 2 ans et demi, on rentrait de la crèche et ses chaussures trainaient au beau milieu du salon. Je lui demande une fois de ranger ses chaussures.
-Ewen, ranges tes chaussures !
Lui, me regardant avec un sourire : NON !
-Ewen, ranges tes chaussure s’il te plait !
sautant sur le canapé : NON !
-TES CHAUSSURES S’IL TE PLAIT !
– NAANN !
Le ton montait, mais je ne voulais pas lâcher… la moutarde me montait au nez. J’allais exploser lorsque je me souvenais de ma lecture d’Isabelle Filliozat. Je pris donc une grande inspiration et avec un regard joueur, les mains sur les hanches je lui dis :
– Oh, mais c’est la place des chaussures, là ?
– Amusé, il me répondit : mais non !
-Continuant dans le jeu : mais alors elles se rangent où tes chaussures ?
-Me montrant leur place, à l’entrée : Bah c’est ici !
-Ah, tu me montres ?
Et incroyable mais vrai : j’ai vu mon bout de chou récupérer ses chaussures et les ranger !!!
Alors que 30 secondes avant, nous allions rentrer dans un rapport de force qui allait forcément entacher notre relation, le simple fait de modifier la tournure de la phrase a suffit pour obtenir un résultat inespéré. J’ai répété ensuite quelques autres fois et ça a marché ! Je n’en revenais pas. Ne rêvez pas : ça ne marche pas à tous les coup non plus, hein ! Ça se saurait s’il y avait des recettes miracles pour l’éducation ;-).
Mais essayez vous aussi ! Au lieu de donner un ordre, posez une question et dites moi dans les commentaires ci-dessous quels sont vos résultats.
Attention, la réussite de l’opération tiendra aussi au ton que vous emploierez ! Pour ma part, je me suis mise à la place d’un clown, exagérant mon attitude (voix et posture).
L’enfant sera plus coopératif si l’exercice s’apparente à un jeu ;-).
Et à propos de jeu… je vous donne un dernier conseil (pour le moment) :
Si vous vous réveilliez plus tôt c’est pour vous préparer avant les enfants et avoir un moment tranquille à vous, pour vous, mais c’est aussi pour prendre 5 à 10 minutes avant de partir à l’école pour jouer avec votre enfant. C’est important car c’est un moyen de « remplir son réservoir d’amour ».
» Un jeu dès le matin entraîne une réduction considérable des plaintes, pleurs et chamailleries dans la suite de la journée. Les enfants jouent plus volontiers et plus calmement ensemble quand ils ont joué avec un parent, et que leur réservoir est donc bien plein.
Jouer avec un enfant en se montrant attentive à ses émotions, interagir avec lui, parler, écouter, ont une incidence sur le niveau des hormones de stress dans les urines de l’enfant, sur la régulation de sa tension et sur l’indice de masse corporelle. » Il me cherche ! Ed. Poche Marabout, p.69.
Et vous, c’est comment la galère du matin ? Je vous laisse réagir dans les commentaires, et n’hésitez pas à partager cet article avec des parents qui galèrent comme nous le matin ;-).
PS : Bientôt, je vous donnerai quelques jeux à faire quand votre enfant lambine.
crédit photo : Condesign
La galère du matin, nous y sommes abonnés ! Je pense que nos voisins doivent être soulagés lorsque nous quittons la maison après 45 minutes du concert du fameux groupe « Métonsliiiip ! »
Pourtant je connais bien Filliozat et son livre est sur ma table de chevet, ah ah ! La bonne blague !
Donc merci pour cette piqûre de rappel. Cette fois j’ai pris des notes dans mon téléphone en cas d’oubli 🙂 Il n’y a plus de place sur le frigo, c’est déjà pris par « que faire en cas de dispute » de Faber et Mazlich 😉
Ça me fait penser au fait que le jeu pourrait SAUVER tellement de situations ! Je remarque que quand je demande à mes enfants de faire leur 10 minutes de musique par jour, ils adorent et débordent d’imagination, alors que quand je leur demande de s’habiller ou d’aider à mettre la table, ça tourne au pugilat ! Mais rien de plus normal : en dehors du fait que c’est mon métier, j’adore la musique, je sais donc que le plaisir joue un rôle décisif et je présente tout sous forme de jeu. De plus, je les mets en valeur dans cette activité. Pourquoi faut-il que j’aie attendu aujourd’hui pour réaliser que je pouvais faire la même chose avec les autres tâches ???
Dès ce matin, je leur demanderai quelle musique les aideraient « pour s’habiller », avec les habits qu’ils choisiront la veille à partir de maintenant, of course !
Merci Violaine, on va s’éclater dès le matin grâce à toi !
Merci Céline pour ce bon et long commentaire 😉
Faber et Mazlich super ! J’en parlerai bientôt c’est sûr.
La musique quelle bonne idée ! J’en profite pour mettre le lien vers ton blog 😉 http://www.la-musique-et-vous.com 🙂
Tu me raconteras tes prochains matins ? 😉
A bientôt.
Merci pour le lien. Je pense que nous sommes sur la même longueur d’onde
Ce matin, ça s’est super bien passé ! Le grand de 7 ans s’est préparé tout seul, et la plupart du temps ça se passe mal avec le petit de 4 ans. Je lui ai donc proposé de choisir une musique pour s’habiller. Je ne lui ai proposé que deux CDs différents pour éviter d’y passer une heure. Une fois la musique choisie, je lui ai demandé si les vêtements que j’avais choisis pour lui la veille lui convenaient. Ce soir, je lui demanderai de choisir les vêtements pour demain. J’ai fait beaucoup de pitreries pour qu’il trouve ça amusant (Maman qui demande avec un slip sur la tête « mais où est passé le slip ? » ça fait toujours son petit effet euphorisant) et ça a fonctionné sans souci
C’est vrai que le matin, c’est toujours la course. J’ai adopté depuis la rentrée l’option, je me réveille un peu plus tôt pour prendre du temps pour moi mais j’ai l’impression que plus je me lève tôt et plus mon bébé décide de faire de même ! Et un bébé, ça n’attend pas que maman ait finis de pomponner ! 😉
Ma fille de bientôt 4 ans, c’est pas la même chose… Pour moi le matin, c’est le dilemme entre : faut-il que je la laisse dormir au maximum pour qu’elle récupère le plus possible (sachant qu’elle ne fait plus de sieste) ou que je tente de la réveiller avant pour pouvoir prendre du temps avec elle… Se réveiller d’ailleurs, elle a beaucoup de mal en semaine et pourtant elle ne se couche pas vraiment tard… On tente de chanter une ou deux chansons, de s’étirer, de dire bonjour aux peluches,… Sans passer par le jeu ou un petit peu de complicité, ça serait peine perdu qu’elle se lève sans pleurer le matin ! Alors effectivement, je ne lui laisse pas le temps de faire les choses par elle-même et le « tu vas finir par aller en pyjama à l’école » arrive aussi 🙁
Donc dès lundi matin, on repart avec une positive attitude !
Merci Marie pour ce partage !
Je comprends le dilemme laisser dormir plus longtemps ou se réveiller plus tôt pour profiter un peu, j’ai le même. Cependant, que vaut 15 minutes de moins de sommeil plutôt que un « réservoir plein » d’amour pour que ta puce passe une bonne journée jusqu’au soir ! 😉 ? ça se tente non ? Tu me diras… 😉
A bientôt !
j’adore cet article !!! je vais me poser cette question ce que je fais à leur place ? il est temps que je délègue surtout qu’ils sont grands maintenat !!
merci pour cette prise de conscience.
l’idée de se lever plus tôt j’y adhère je le fais depuis longtemps et quelle plaisir d’avoir ce petit temps pour soi le matin.
bon allez je dois apprendre à déléguer!!!!!
Merci Elisabetha ! Bon courage et belle route vers l’autonomie 😉
Franchement, violaine, j aime trop tes articles. Ça sent le vécu et c est pas que de la theorie, c’est génial. Je m en vais appliquer sur mes enfants. Certes plus grand et autonome mais bon… C est toujours intéressan notamment le fait d éviter colère et confrontation.
Merci Stéphanie ça fait plaisir !
Bonjour,
Merci pour cet article. Pareil pour moi, le matin c’est la tension qui monte. Dur dur de réveiller la miss qui, une fois les yeux ouverts, aime se prélasser quelques longues minutes dans son lit. Plus je suis stressée à l’idée d’être en retard et plus ça se passe mal. Elle semble se mettre en résistance… J’essaye de verbaliser mon agitation pour qu’elle se sente moins agressée et faire descendre la pression. J’essaye de mettre le réveil plus tôt pour qu’elle ait le temps de prendre son temps. Parfois je lui lance un défi – s’habiller avant la fin de la chanson. J’avoue sans gloire que je ne lutte pas pour qu’elle s’habille seule. Elle le fait sans aide les jours sans école mais les jours d’école je l’assiste beaucoup pendant qu’elle émerge doucement… Jouer avant l’école, je n’y avais pas pensé. Ça peut être une source de motivation pour aller plus vite.
Merci pour ce commentaire ! En effet, pas simple le matin… Le jeu est un outil intéressant en effet… mais peut être avec les plus jeunes… Avec ma 7 ans et demi c’est plus compliqué qu’avec mon 3 ans et demi ! Je serai contente de savoir si le jeu a fonctionné chez vous 😉 !
Mise en pratique ce matin.. Petit jeu juste avant d’enfiler les chaussures, avec un jouet que ma 6 ans a caché sous deux pots identiques et je dois deviner lequel. L’idée de faire un jeu ensemble lui a donné de la motivation 🙂 du coup mise en route moins laborieuse. Pas de crise pour l’habillage – j’ai pris en compte ses demandes. Bon, j’en ai qu’une -pour le moment – alors forcément ça aide :). Je passe en mode maman/belle-maman pendant les vacances et c’est autre chose d’en avoir plusieurs!
Génial ! Ravie de voir que le jeu a bien fonctionné ce matin… maintenant il faut tenir dans la durée (et c’et pas le plus simple ;-))… et être imaginatif… Mais suivre l’idée des enfants est une excellente chose aussi si on arrive à se prêter au jeu nous-même, cela peut être source de bons moments de complicité… et des fois ça demande de lâcher-prise ! Bonne suite ludique ;-). A bientôt
La seule galère le matin, c’est ma petite qui mets à peu près 40 minutes pour prendre son déjeuner. L’heure tourne et après je la dépêche, mais c’est très stressant. Je n’aime pas utiliser le mot dépêche toi, mais c’est un réflexe
Oh ! Je connais très bien cette situation Lucie ! C’est pareil ici. Alors justement, je prépare un défi de 21 jours pour arrêter de dire « dépêche-toi » ! J’en dirai vite quelque chose car j’aimerai que d’autres participent avec moi 😉 On pourrait se soutenir dans ce défi, non ? A bientôt 😉
Oui pourquoi pas, un défi à relever 🙂
On les dépêche, on stress, ils stressent .. C’est un cercle vicieux.
Bonjour Nous on fait l’école à la maison pour 5 enfants ☺️ mais je suis speed de nature donc je vais essayer de me relaxer car j’ai cette habitude de speeder même si on a pas de réveil
une de mes filles (4ans) aime prendre son temps pour se lever manger shabiller pour tout mais c’est vrai que je relativise bcp car si je m’énerve c’est la cata je la laisse aller à son rythme elle choisit ses affaires et s’habille tt seule (30min lol)
Cette année 2020 je me suis dit de les laisser à leur rythme sans cri ni stress pour que tt le monde soit épanoui
Merci des conseils (filliozat Montessori faber… Sont sur la table de chevet )
Un grand merci pour votre commentaire ! De belles résolutions pour 2020. Je vous souhaite de trouver la sérénité et votre équilibre. En tous cas, je suis admirative : maman de 5 enfants en IEF, quelle aventure ! Chapeau. Au plaisir d’échanger 🙂