Aujourd’hui, j’ai le plaisir d’accueuillir Pascal du blog www.histoiresdepapas.com, un blog positif et inspirant pour les papas.. et aussi pour les mamans ! Pascal est papa de jumeaux. Avant de devenir papa, il a voulu se documenter sur le sujet de la parentalité et a découvert que ce sujet était couvert à 95% par les mamans. Il a donc voulu apporter quelque chose de différent, un regard de papa ! Dans son blog, il y parle de ses expériences (et avec des jumeaux, c’est une double expérience !), de conseils d’experts et de papas inspirants qu’il rencontre et dont il fait les portraits. Ainsi, il est persuadé qu’en mettant plus en lumière les pères, on peut ainsi contribuer à dessiner les contours d’une société plus égalitaire (entre les femmes et les hommes) pour demain. Et aujourd’hui, Pascal nous parle des jouets ! Et que se passerait-il si nos enfants avaient moins de jouets ?
Ces derniers jours, j’ai pris le temps d’observer mes jumeaux (je suis souvent très participatif avec eux mais j’aime parfois me mettre en retrait pour juste les regarder). Et j’en ai fait le constat suivant : ils étaient perdus sous tous leurs jouets ! Perdus ? Ils passaient de l’un à l’autre très rapidement, sans se fixer, sans se concentrer, sans jouer vraiment. J’ai fait quelques recherches sur le sujet et j’ai décidé de faire un tri dans leurs jouets. Résultat ? Ils s’en portent plutôt bien mieux !
Et si avoir moins de jouets étaient bénéfiques pour les enfants ?
Si nous pouvions, nous parents, leur apprendre à « mieux » jouer ?
Le jeu pour les enfants
Pour les enfants, les jouets, c’est toute leur vie ! Ils y passent des heures, avec plaisir et passion. Les enfants apprennent aussi d’eux-mêmes au travers le jeu. Ils découvrent aimer des jeux musicaux, des jeux cérébraux, des jeux de rapidité, ….
Les neurosciences indiquent que c’est par le jeu que l’enfant se construit et se structure. Le jeu c’est un peu le «travail » des enfants. Et c’est plutôt une bonne nouvelle ! Car si nous guidons nos enfants sur une approche structurée du jeu, nous leur montrons également le chemin pour le travail en tant que futur adulte. Autrement dit, en apprenant à l’enfant à « bien » jouer (concentré et créatif par exemple), ce sont autant d’enseignements pour le futur adulte lors de sa vie professionnelle.
Les bienfaits d’avoir moins de jouets pour un enfant
En tant que parents, nous souhaitons que nos enfants ne manquent de rien. Et spontanément, on pense que les couvrir de jouets est une preuve de notre amour, de notre investissement auprès d’eux. Pourtant, des chercheurs de l’Université de Toledo aux Etats-Unis ont mené une enquête qui montre que moins les enfants ont de jouets, mieux ils sont (Infant Behavior and Development – février 2018). Ces chercheurs ont étudié 36 enfants. La moitié ont reçu « seulement » 4 jouets pendant 30mn. L’autre moitié en a reçu seize. Résultat : les enfants ayant beaucoup de jouets ont zappé de l’un à l’autre sans jamais s’y attarder vraiment. Quant à ceux qui avaient moins de jouets, ils se sont montrés beaucoup plus créatifs, en ont exploité tout le potentiel en étant imaginatifs.
Développe la créativité !
Je l’ai évoqué dans un précédent article, l’ennui est une source de créativité pour l’enfant . Dans la même mesure, proposer à l’enfant d’avoir moins de jouets lui permet de mieux développer ses capacités de concentration. Nous sommes dans une société où naturellement nous « zappons » d’une chose à une autre. Et à force, nous avons de plus en plus de mal à rester « focus ». D’ailleurs, une étude de Microsoft de 2015 démontre que la capacité de concentration de l’homme est passée, en dix ans, de 12 à 8 secondes en moyenne. Contre 9 secondes pour l’animal ! Proposer à nos enfants un trop grand nombre de jouets revient finalement à encourager cette perte de concentration…
Pour autant, rien n’est irrémédiable. Je me souviens de Tom, ce papa que j’avais rencontré qui me disait « Quand le besoin affectif est comblé par du matériel, l’enfant va forcément chercher ailleurs. Cela ne peut le satisfaire pleinement. Et par dessus tout, cela peut l’amener à créer cette dépendance à la possession. C’est ainsi que l’on éduque de futurs adultes à entrer dans une course folle, à vouloir toujours plus ». Il y a également la méthode Montessori dont je me suis servi avec mes jumeaux sur le système de rotation des jouets.
Le système de rotation des jouets
Durant ma « période d’observation » de mes jumeaux, j’en ai profité pour identifier les jeux auxquels ils étaient le plus attachés : les Legos et les petites voitures par exemple. Ces jouets là, impensable de les enlever ! Par contre, dans les boites, il y avait une quantité d’autres jouets avec lesquels ils ne s’amusaient pas. Il pouvait leur arriver de les sortir de la boîte mais pas de jouer vraiment avec. On avait plusieurs peluches alors que franchement, ils ne montrent aucun intérêt pour ces animaux à fourrures pour le moment ! Il en est un peu de même, par exemple, pour les livres. Ils peuvent s’y arrêter deux ou trois minutes dessus mais rarement plus !
Ma méthode, inspirée de celle de Montessori :
- Conserver les jouets qu’ils affectionnent particulièrement, mais pas plus de trois (dans mon cas et à ce jour, les légos, les voitures, les cylindres à empiler)
- J’ai décidé tout seul avec moi-même (!) que j’avais le droit à une exception concernant les livres. C’est important pour moi qu’ils en aient toujours à proximité. Et en limitant le nombre de jouets, ils y passeront surement plus de temps
- Sortir les jouets auxquels ils ne s’intéressent pas aujourd’hui. Attention, il ne s’agit pas (encore) de les donner mais de les ranger pour mieux les ressortir plus tard.
- Proposer deux « nouveaux » jouets. J’ai choisi arbitrairement un jeu plutôt très ludique avec lequel ils peuvent être autonomes et un autre plus d’apprentissage pour lequel je dois les accompagner.
- Changer chaque semaine ces deux nouveaux jouets en les remplaçant par de nouveaux. Cela leur permet de découvrir un nouveau jeu à chaque fois tout en l’explorant sur plusieurs jours consécutifs.
- Poursuivre l’observation sur les nouveaux jouets. En effet, certains jouets peuvent ne pas les intéresser. Les fabricants proposent parfois des jeux avec trop de stimuli, jouet qui s’avère alors trop compliqué pour des enfants (et dont ils vont vite se désintéresser).
- Pour les jeunes enfants, ne pas hésiter à proposer des jouets issus du quotidien : une bouteille en plastique vide, une casserole et une cuillère en bois, une pomme de pin, du papier bulle, des ballons gonflables… Souvent, les jeunes enfants ont une telle soif de découverte qu’ils s’amusent de ce qui est pour nous les grands un rien. C’est pourtant essentiel pour leur apprentissage.
Favorise la concentration
Cette méthode, en limitant le choix de l’enfant, permet de favoriser la concentration sur son activité. Et à chaque rotation, l’intérêt de l’enfant est renouvelé. Tout comme son plaisir à redécouvrir le jouet.
Ce système de rotation a également un avantage sur le temps passé à ranger les jouets…. Forcément, moins de jouets, moins de bazar ! Pour ma part, je demande à mes enfants de m’aider à ranger les jouets en fin de journée. Même si à 15 mois, ils ne participent par encore pleinement, cela fait partie de leur apprentissage. Et cela sera plus facile pour eux avec moins de jouets.
Enfin, il y a fort à parier que cette méthode permettra aux enfants d’être demain de « grands » joueurs ! Plus imaginatifs, plus curieux, plus concentrés, plus observateurs, vous pouvez vous attendre à perdre de nombreuses parties de jeux de société quand ils seront un peu plus grands !
Zoom sur la méthode Montessori
Pour ceux et celles qui souhaitent en savoir plus sur l’approche Montessori dans les jouets, je vous conseille le livre « Montessori à la maison de 0 – 3 ans / Je passe à l’acte » de Nathalie Petit, aux Editions Acte Sud. Ce petit livre est très bien fait et facile d’accès.
Sur le sujet des jouets, Nathalie Petit, l’auteur, nous explique que le jeune enfant se construit « dans l’échange incessant avec son environnement ». Et d’autant plus s’il est concentré. La méthode préconisée permet d’aider l’enfant à fixer son attention. Elle conseille donc de « restreindre volontairement le nombre de jouets et à organiser une rotation ». L’idée est de ne garder que les jeux « qui présentent un intérêt éducatif et ceux qui stimulent un seul sens à la fois ».
Son conseil d’organisation est le suivant. « Classez les jeux dans des boites : ici les Légos, là les objets musicaux, les animaux de la ferme, les balles,etc. Etiquetez, rangez et tournez toutes les semaines ou tous les deux ou trois jours ».
Et vous ? Quelles sont vos astuces pour aider vos enfants à jouer ?
Positivons, partageons et commentons ci dessous !
Si vous avez aimé, retrouvez d’autres articles de Pascal sur son blog histoires de papas ! Par ailleurs, si vous souhaitez savoir pourquoi le jeu est important dans les apprentissages, je vous invite à lire cet article !
Merci Violaine pour ce superbe article et d’avoir donné la parole à pascal sur ce sujet. Nous ne sommes effectivement que très peu de papas à avoir la parole sur le sujet de la parentalité et ça fait du bien d’être, de temps en temps, entendu sur des blogs de mamans ;).
En ce qui me concerne je blog pour les parents solos (papas et mamans aussi bien sûr !). J’ai un petit garçon de 5 ans maintenant, qui est fils unique et la question des jeux et des activités autonomes et créatives est importante aussi pour moi. Ma reconversion pro, à justement était motivé principalement, au vu de ma situation, par le désir d’être le plus présent pour lui et de l’accompagner au mieux dans son développement dont le jeu fait bien évidemment partie 🙂
Si d’autres parents sont concernés par la monoparentalité, je donne sur mon blog (www.cestquilpapa.com) des conseils et des ressources concernant la vie de famille et l’épanouissement personnel.
Au plaisir de te relire 😉
Merci Jérémy, oui en effet vous êtes relativement peu de blogueur sur la Parentalité et encore moins sur la monoparentalité côté père ! Merci donc pour tous les lecteurs concernés :-). Au plaisir