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Jouer avec des ados : quels bénéfices ?

Aujourd’hui j’ai le plaisir de recevoir Coralie ! Maman de 4 enfants, âgés de 15 à 4 ans, elle applique depuis quelques années les principes de la parentalite positive. Elle partage son cheminement sur son blog Les 6 doigts de la main. Dans son article, Coralie nous montre quel est le bénéfice de jouer avec des ados

 

Dans notre famille, le jeu a toujours été très présent. Il a l’avantage de combiner le plaisir et le partage. Je m’aperçois cependant, que, si le jeu semble naturel avec les plus jeunes, il ne l’est pas toujours lorsque nos enfants deviennent adolescents. Je voudrais donc parler ici particulièrement des bénéfices de jouer avec nos ados….

En effet, lorsque votre enfant était petit, vous preniez du temps pour jouer avec lui. Tout simplement parce qu’il le demandait ! Mais en grandissant, il a pris de plus en plus ses distances, et ne cherche plus nécessairement ces moments partagés. Maintenant qu’il est adolescent, il se suffit à lui-même, passant beaucoup de temps seul dans sa chambre. C’est normal, il gagne en indépendance. Et pourtant, vous aimeriez avoir plus d’échanges avec lui. Des échanges qui ne se limitent pas à des questions d’organisation. Et pour cela, rien de tel que le jeu !

Oui, jouer avec vos ados reste une démarche bénéfique.

Nos jeunes enfants

Commençons donc par le commencement. Car le plaisir du jeu vient rarement du jour au lendemain.
Depuis leur plus jeune âge, nos enfants jouent. Et nous demandent de jouer avec eux. Tellement que, pris dans les difficultés logistiques du quotidien, nous avons parfois du mal à répondre à ces sollicitations. Cependant, nous trouvons en général des moments pour cela. Entre autres parce que nous sommes conscients de l’aspect pédagogique de ce jeu.

Chaque partie est l’occasion de développer leurs compétences. Ils comptent, ils attendent leur tour, ils observent, ils analysent. Combien de jeux “pédagogiques” fleurissent pour les familles ravies d’offrir à leurs enfants des possibilités d’apprendre en s’amusant ? Je ne nie d’ailleurs pas ces intérêts, tout à fait réels dans la majeure partie des cas !

Jouer est effectivement une merveilleuse manière d’apprendre.

Au delà de l’apprentissage

Le jeu, pourtant, va bien plus loin que cela. En effet, nous évoquons l’idée d’apprendre en s’amusant. Or, dans “apprendre en s’amusant”, il y a, certes, “appendre”, mais il y a également “en s’amusant” ! Et s’amuser, c’est toujours valable. Quel que soit notre âge.
D’autant plus valable lorsqu’il s’agit de s’amuser ensemble.

Car nous créons alors du partage, de la proximité, de la connexion. Le fait de passer ce moment ludique avec les autres nous rapproche de ces autres.
Des années plus tard, je me souviens encore de parties interminables de Monopoly avec mon frère… Il affirme qu’il n’a jamais perdu ! Je n’en suis pas convaincue, mais n’affirmerais rien non plus. Pour moi, l’important, c’était le jeu, et le moment partagé.
Je me souviens de soirées familiales, lors desquelles ma mère revenait sur une règle qui ne “l’intéressait pas”… Rien que d’y repenser, j’ai envie de rire !

Oui, le jeu est un vecteur social. C’est une manière de développer les liens dans la famille, dans la fratrie, et un modèle également pour des moments partagés avec leurs amis.

J’insisterai ici sur le lien, non pas avec les amis, mais entre nous, parents, et nos enfants. Car c’est ce que je cherche à mettre en avant, plus que tout le reste !

L’importance de la connexion

S’il y a bien une chose qui me semble fondamentale, pour éduquer positivement ses enfants, c’est la connexion.

Jane Nelsen, auteur de la discipline positive, insiste d’ailleurs sur le fait de se connecter avant de corriger. Et ce qu’elle veut dire par là, c’est qu’il sera toujours plus facile de discuter avec notre enfant sur la modification d’un comportement lorsque nous serons connectés avec lui. Une idée qui semble évidente, mais qui n’est pas toujours bien mise en pratique…

La connexion, cela évoque le lien avec l’autre. C’est le lien avec l’autre qui crée l’empathie, c’est l’empathie qui encourage le respect, et la coopération.
En un mot donc, si vous cherchez une relation de coopération avec vos adolescents, il faudra d’abord veiller au lien.

Il est souvent plus facile d’accéder à ce niveau de connexion avec les jeunes enfants, qui sont à notre recherche. Ils ont besoin de nous, ils ont même envie de notre présence. Nous leur prêtons donc beaucoup d’attention, et s’ils en manquent, ils sauront nous le rappeler ! Cela n’empêche pas de devoir travailler sur notre relation avec eux, afin que ce lien soit bien perçu comme agréable et bienveillant, des deux cotés. Mais, au moins, nous y consacrons du temps, presque par la force des choses.

Avec nos adolescents, les choses se compliquent

Car ces ados cherchent à présent plus à appartenir à leur groupe d’amis qu’à leur famille. Ils ne recherchent plus les moments partagés avec leurs parents. C’est alors à nous de les trouver.
Dans ce contexte, Catherine Dumontheil-Kremer suggère de toujours accepter de faire le taxi pour nos grands. Parce que c’est en général une bonne manière de passer un temps en tête à tête avec eux. J’ajouterais que, lorsque nous servons également de taxi à un autre ami, c’est également une manière de mieux connaitre les amis en question !

Mais faire le taxi ne suffit pas… D’abord parce que ce n’est pas le plus réjouissant, ensuite parce qu’en fonction de notre mode de vie, ce n’est pas toujours si fréquent.
Il nous faut donc d’autres moyens de nous connecter avec nos ados.

Et dans ce contexte, le jeu est un moyen royal ! D’une part parce qu’il est effectivement l’occasion d’un moment partagé, d’autre part parce que c’est un moment privilégié. C’est un moment plaisir. Un moment où nous sommes vraiment ensemble, pour ne partager rien d’autre que ce plaisir. Un moment lors duquel le respect des règles nous met immédiatement en relation avec l’autre, nous implique dans l’échange, de manière active.
Et c’est pourquoi le jeu tient une grande place chez nous !

Pourquoi joue-t-on peu avec nos ados ?

Avant d’aller plus loin dans mes explications sur le jeu et sa mise en place dans notre famille, j’aimerais prendre le temps de parler des raisons pour lesquelles nous jouons souvent peu avec nos adolescents.
Principalement, parce que nos ados sont indépendants. Et c’est très bien. Ils nous demandent peu d’aide, et s’organisent seuls dans ce qu’ils ont à faire. Cela ne nous empêche pas pour autant d’avoir envie de garder une relation avec eux. Un échange. Comme avec le reste de la famille, comme avec notre conjoint. Pour être présents à leur côté, il faudra parfois entrer dans une démarche active. A condition, bien sûr, qu’ils l’acceptent !

Car il est évident que la place prise par les jeux de société ces dernières années a nettement diminué. Souvent remplacée par les écrans. Oui, nos enfants grandissent dans un monde bien différent du nôtre. Ils ont appris un plaisir plus facile et plus immédiat.

Alors, comment les amener à ce plaisir plus subtil du jeu de société ?
Il faudra prendre le temps d’apprendre les règles. Peut-être prendre le temps de développer une stratégie qui ne sera pas évidente à la première partie. Combien de fois ai-je vu mes grands essayer d’enseigner un jeu à leurs copains, qui abandonnaient avant même que la partie soit terminée ? Ca me faisait de la peine pour eux !

Comment mettre en place le jeu avec nos ados ?

D’abord, le goût du jeu est souvent lié à une culture du jeu.
Ainsi, les familles dans lesquelles on joue depuis tout jeune sont bien plus ouvertes aux jeux plus tard. Car savoir jouer est une compétence qui se développe.
Il s’agit donc de ne pas négliger les jeux avec les plus jeunes, afin de les exposer à la notion de règles, par exemple.

Ensuite, où que vous en soyez dans votre famille, il s’agit de trouver les bons jeux, des jeux qui intéresseront tout le monde.
Cela peut prendre un peu de temps, car la variété des jeux est infinie ! Et les goûts différents, de surcroit.
On peut donc commencer par se poser les questions suivantes :
– règles simples ou compliquées ?
– jeu collaboratif ou chacun pour soi ?
– du dialogue, de la rapidité, de la stratégie ?
– des parties de combien de temps ?

Chez nous

Ici, ce sont les jeux de stratégies qui l’emportent. Ils sont moins drôles, mais plus intéressants à nos yeux. Ce qui ne nous empêche pas de basculer sur des jeux plus légers de temps en temps. Le choix du jeu dépend aussi des joueurs présents, car nous avons tous des inclinaisons différentes…
Lorsque l’on choisit de jouer, il faut également trouver le bon moment. En l’occurence, si l’objectif est de partager un moment avec son adolescent, et en fonction de la fratrie, le meilleur moment est peut-être le soir, lorsque les plus jeunes sont déjà couchés…
Chez nous, le moment du jeu avec les grands intervient souvent après le déjeuner du week-end, pendant le “temps calme” des plus jeunes.
Il m’arrive également régulièrement de faire au pied levé des parties de jeux de logique en tête à tête avec mon grand de 15 ans. C’est toujours une bonne manière de nous retrouver.

Enfin, ne pas oublier que lorsque l’on joue, l’objectif est de partager un bon moment. Si le jeu dérape, si l’ambiance se ternit, l’objectif s’éloigne. Il peut valoir la peine de faire une pause, et de vérifier que tout le monde a encore envie de jouer. Parfois, il vaut mieux interrompre une partie que de s’entêter…
Cependant, lorsque l’on parvient à se recentrer sur l’objectif, en réagissant légèrement aux éventuels comportements désagréables, et en évitant les reproches, cela arrive en fait très peu !
Le maître mot serait plutôt : savourer ! (Même si l’on se retrouve parfois vexé d’avoir perdu une partie que l’on pensait gagnée…)

A vous

Je vous passe la main à présent.
Suite à cet article, demandez donc à votre ado s’il veut bien jouer avec vous. Choisissez un jeu ensemble, et réservez une soirée pour cela.
Pendant le jeu, on coupe les téléphones, on s’installe, et on savoure !
Cela vous arrive-t-il régulièrement ?

* crédit photos : les 6 doigts de la main


Maintenant, si vous culpabilisez parce que vous n’aimez pas jouer avec vos enfants, je vous invite à lire cet article 😉

Cet article a 4 commentaires

  1. Carole

    Bonjour,
    Effectivement, les ados ont tendance à s’isoler, même s’ils ont été habitués dans l’enfance à jouer en famille.
    Mes ados n’aiment pas forcément les mêmes jeux, donc c’est stratégie avec l’un et plutôt rapidité avec l’autre.
    Je leur propose aussi des séances jeux avec leurs amis et les parents de leurs amis. Tout le monde adore. La principale difficulté : se trouver un créneau commun.

    1. Violaine

      Merci Carole pour ce commentaire 🙂 Pour moi je vois justement une occasion de prendre un temps privilégié avec chacun… ça a encore plus de poids pour développer la relation ! Et puiS par ailleurs, trouver un jeu qui convient à tous de temps en temps 🙂

  2. Caroline

    Super article qui me donne bien envie de jouer, même si j’ai un peu de mal (malgré une culture du jeu enfant ; (. Mais du coup, quels sont les jeux qui pourraient être sympas avec des ados. Y’a un autre article sur le sujet ?
    Mercibiz’

    1. Violaine

      Coucou Caroline, génial l’idée … moi qui avait déjà envie de faire un article sur les jeux avec ados/adultes du coup ça me pousse à en écrire un ;-)… dans quel genre plutôt ? Rapidité, stratégie, mise en scène, tactique, bluff, observation…. ? Il y a déjà beaucoup de jeux de société présenté sur le blog qui peuvent être sympas et adaptés à des ados et adultes… si tu m’en dis un peu plus sur le genre où ce que tu cherches à développer avec tes enfants, je te fais ça à la carte !

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