Aujourd’hui, j’ai le plaisir de laisser la place à Sandrine et Christophe, les auteurs du blog Apprendre par le jeu. Je les remercie chaleureusement pour cet article. J’adore l’idée de détourner des jeux de société connus pour en faire un jeu éducatif !
Loin des bureaux d’écoliers, des tableaux noirs, des maîtresse revêches et acariâtres liées aux fastidieuses heures d’études, nous vous proposons ici une nouvelle approche des apprentissages scolaires, celle des apprentissages par le jeu en famille. Après en avoir expliqué les avantages nous vous proposons de détourner le jeu de Monopoly pour apprendre en famille et d’enrichir les connaissances de tous les membres, enfants et adultes y compris.
De l’école… à la maison
Dans la vision traditionnelle, les apprentissages scolaires doivent se faire à l’extérieur de la famille, de manière sérieuse, et même dans la souffrance, enfermés avec des personnes du même âge. Et ce, grâce à des enseignants extrêmement compétents formés pendant de nombreuses années à la pédagogie. C’est ce que l’on appelle l’école. Les apprentissages y sont dispensés avec une telle aisance, une telle facilité, une telle économie de moyens aussi bien financiers qu’en personnel, que les résultats sont absolument extraordinaires. Il suffit de voir comment les enfants qui en sortent deviennent des êtres épanouis, libres et heureux de vivre. Ce n’est pas une plaisanterie. Jamais je ne me permettrais de remettre en cause cet outil absolument formidable, performant, extraordinaire, indémodable, non-modifiable et de toute façon insurpassable qu’est l’école.
Apprendre en jouant ?
Mais revenons à ce qui nous intéresse et essayons d’imaginer qu’au contraire, ces apprentissages fastidieux se fassent à la maison, avec toute la famille, en s’amusant, et pourquoi pas 365 jours par an ? Puisque vous êtes lecteurs de ce blog, vous savez déjà qu’il existe d’autres formes d’apprentissages, qui obtient d’excellents résultats, sans effort et sans souffrance de la part des enfants, avec peu de moyens de la part des éducateurs. Mais surtout chuuut, n’allez pas le répéter… Il ne faudrait surtout pas que cela se sache… Alors je vous dis en secret. C’est LE mode d’apprentissage privilégié de tous les enfants, voire même de nombreux adultes. Vous avez trouvé ? Je veux parler des apprentissages par le jeu. Ayant fait l’instruction en famille pendant 6 ans à nos trois enfants, cela fait longtemps que nous nous sommes posés la question d’associer les apprentissages scolaires et le jeu éducatif. Et nous y avons trouvé toutes sortes d’avantages.
Qu’est-ce qu’un apprentissage « scolaire » ?
Tout d’abord qu’est-ce qui distingue un apprentissage scolaire d’un autre ? En soit, absolument rien. Si ce n’est qu’il est enseigné à l’école. [Quoi, encore l’école ? Est-ce que je n’avais pas promis de ne plus en parler dans cet article ?] Dans une société idéale, on peut imaginer que les apprentissages scolaires ne soient plus dissociés de tous les autres apprentissages. Mais comme nous ne sommes pas encore dans cette société sans école (cf. Une société sans école – Ivan Illitch), tous les enfants sont soumis à l’obligation d’acquérir un socle commun de connaissance, de compétences et de culture, avant 16 ans. « Il rassemble l’ensemble des connaissances, compétences, valeurs et attitudes nécessaires pour réussir sa scolarité, sa vie d’individu et de futur citoyen ». (cf education.gouv.fr). Soit dit en passant, ce socle commun peut-être dispensé soit à l’école, soit en famille, au choix des parents, l’école, comme tout le monde le sait n’étant pas obligatoire, mais l’acquisition de ce socle commun par contre l’est.
Le socle commun de connaissances, de compétences et de culture
Ce socle commun comprend cinq domaines de formations (je cite) :
- les langages pour penser et communiquer
- les méthodes et outils pour apprendre
- la formation de la personne et du citoyen
- les systèmes naturels et les systèmes techniques
- les représentations du monde et l’activité humaine.
L’objectif de ce socle commun est d’arriver à comprendre et à s’exprimer dans tous les domaines que sont la langue française, une langue étrangère, une langue régionale, le cas échéant, ainsi que dans les langages mathématiques, scientifiques et informatiques, sans oublier évidemment les langages des arts et du corps (!).
L’objectif du socle commun tel qu’il est défini est bien de donner à l’enfant des outils de compréhension, d’expression, d’appréhension du monde, qui lui permettront ensuite de construire sa vie et de prendre sa place dans la société.
Les avantages des apprentissages par le jeu éducatif
Au-delà des objectifs tout à fait légitimes de ce socle commun, c’est ici sur la méthode que nous allons nous attarder un peu. Et là nous voulons volontairement aller à contre-courant de toutes les méthodes coercitives. Nous remettons en cause le fait que la seule méthode pédagogique envisageable est le travail, la souffrance. Nous envisageons et mettons en pratique depuis un certain nombre d’années déjà des apprentissages scolaires par le jeu éducatif.
En effet, les avantages des apprentissages par le jeu sont multiples, notamment avec des enfants. Ce billet de notre blog-hôte en parle très bien. Le premier est qu’en général l’enfant est volontaire. Ou qu’en tout cas il est plus facile d’obtenir son consentement pour jouer. Or, comme je le répète souvent : « On ne fait pas boire un âne qui n’a pas soif ». Et de même, on ne fait pas apprendre quelque chose à un enfant qui n’a pas envie d’apprendre. Donc le forcer ne sert strictement à rien, bien au contraire. Ainsi, tout enseignement non sollicité est parfaitement contre-productif. Le jeu est donc un moyen très efficace pour obtenir la participation active de l’enfant, et le maintenir dans cet état.
Du plaisir dans le jeu éducatif ?
Autre avantage : il n’y a pas de notion de réussite, ni d’échec dans le jeu, et par conséquent aucune notion de jugement, de notation, ni de quantification. On gagne ou on perd, mais ce n’est pas très grave, puisque ce n’est qu’un jeu ! Il est même possible de supprimer cette épreuve pour les enfants qui ne supportent pas de perdre et utiliser des jeux coopératifs par exemple, où tout le monde perd ou gagne en même temps ! Ou alors jouer à « qui perd gagne », et apprendre à l’enfant à accorder moins d’importance à ces notions. En tout cas, dans le jeu, l’enfant ne se sent pas sanctionné quand il ne maîtrise pas un savoir et une compétence. Car il va pouvoir passer la main et l’acquérir par l’observation. D’autres joueurs vont lui faire part du savoir ou montrer la compétence qu’il n’a pas encore, mais qu’il va rapidement acquérir.
Car c’est encore une des forces des jeux qui tient dans la répétition. Tout d’abord, pendant la durée du jeu elle-même, mais aussi dans le fait de refaire et refaire plusieurs fois le même jeu. Ainsi la répétition qui peut paraître fastidieuse et ennuyeuse dans un enseignement classique, est cependant indispensable à l’acquisition de connaissances de manière pérenne. Dans le cadre d’un jeu, la répétition se fait sans que l’enfant s’en rende compte.
Et enfin dernier avantage et non des moindres, l’enfant s’amuse ! Et par conséquent le plaisir est associé à cette acquisition de connaissances. Ce qui infléchira évidemment un cercle vertueux. Si on se fait plaisir à apprendre, on aura plus envie de recommencer que dans le cas contraire.
Et le goût de l’effort ?
Pour la plupart des adultes « bien élevés », il paraît presque inconcevable d’apprendre dans le plaisir. J’en ai fait partie, moi aussi, mais je dois dire que j’ai évolué. L’idée que l’enfant doive souffrir pour pouvoir enfin avoir le droit de rentrer dans le monde des grands est ainsi très répandue. Nous n’avons plus de cérémonie de passage à proprement parler. Et pourtant, nous avons institué une bonne dizaine d’années d’école obligatoire, avec toute la souffrance qu’elle engendre (et maintenant, trois de plus avec la loi Blanquer). D’ailleurs, tout le monde est passé par là. Sous-entendu : « Je n’en suis pas mort » et/ou : « Ce qui ne tue pas, renforce ».
Pourtant, à choisir, qu’est-ce qui est préférable ? Une étude sur ce sujet a été réalisée par des chercheurs de l’université de Kobe. Et le résultat est sans appel, ce sont les parents les plus encourageants qui permettent le mieux à leurs enfants de réussir, et non les plus sévères. La coercition et la contrainte sont malheureusement les éléments fondateurs de nos méthodes éducatives traditionnelles. Si vous voulez approfondir cette idée d’apprendre avec plaisir, je vous renvoie sur cet autre article invité que nous avons écrit sur un autre blog.
Mais avec qui jouer ?
Maintenant que nous avons vu les avantages du jeu pour les apprentissages scolaires, la question est de savoir avec qui jouer ? Bien qu’il existe des jeux solitaires et des jeux que l’on puisse jouer de manière autonome, [nous en avons même créé certains, l’attrait du jeu est évidemment plus grand quand on joue à plusieurs. C’est d’ailleurs presque une caractéristique inhérente au jeu, qui encourage les interactions et les relations sociales.
C’est pourquoi les fratries nombreuses et avec des écarts d’âges pas trop importants sont privilégiées pour mettre en place cette pédagogie dans le cadre de l’instruction en famille. Car en effet, les enfants peuvent jouer ensemble, au même jeu, sans la présence continuelle d’un parent. Ce qui a un double avantage, celui de libérer le (les) parent(s) pour d’autres tâches, mais aussi de libérer les enfants de la présence, et donc de la pression, si ce n’est du regard inquisiteur ou ne serait-ce que curieux, des parents.
Mais nous faisons aujourd’hui le pari, qu’il est possible de mettre en place des jeux pédagogiques, en vue d’apprentissages scolaires, qui peuvent plaire à tous les âges, de l’enfant à l’adulte et qui rajoute à la convivialité et au plaisir d’être ensemble autour d’apprentissages scolaires.
Les avantages des apprentissages scolaires en famille
Comme l’enfant est dans un cadre qu’il connaît et qui lui est familier, l’enfant est rassuré. Il est avec sa famille et il est donc en confiance : ce qui est une condition extrêmement importante, et totalement négligée à l’école. Or, il est parfaitement reconnu, que le stress bloque les apprentissages. C’est au contraire dans un climat de confiance et de bienveillance, que l’on apprend et mémorise le mieux. Car on sait que de toute façon on ne sera ni sanctionné ni jugé.
Et le jeu permet justement de sortir de l’objectif d’avoir un résultat immédiat. On ne sera pas sanctionné si l’on n’y arrive pas.
Donc jouer en famille permet également de resserrer le lien « social » lié à la famille. Qui est, soit-dit en passant, le premier lien social que l’enfant entretient.
Mais au-delà de la théorie, nous vous proposons aujourd’hui de détourner le Monopoly, en vue d’en faire un jeu éducatif pour toute la famille.
Détourner le Monopoly en jeu éducatif
Que l’on soit petit ou grand, les apprentissages sont au cœur de notre vie, ils en font partie intégrante. Alors pourquoi les cantonner à une période spécifique : l’enfance, et à un lieu dédié : l’école. Nous avons décidé de faire sortir les apprentissages scolaires de l’école. Et puisque nous avons tous gardé notre âme d’enfant ; ou qu’en-tout-cas nous voulons vous la faire retrouver ; tout va passer par le jeu. Car pour l’adulte aussi, le jeu est un atout formidable. Nous vous proposons donc de vous réunir autour d’un jeu de société nous avons subtilement détourné pour en faire un jeu éducatif, divertissant mais instructif 😉
J’ai détourné pour vous un jeu de société très apprécié et très populaire depuis de nombreuses années ! Et cela ne fait pas exception dans notre famille ! Je veux bien sur parler du Monopoly !
Que diriez-vous de jouer au Monopoly avec vos enfants (minimum 8 ans) et d’apprendre, tous autant que vous êtes ? Vous allez apprendre des notions de mathématiques, en achetant le fameux terrain « Rue de la Paix » ; ou bien des notions de français, en faisant l’acquisition de la « Gare de Lyon » ; ou encore des notions d’histoire pour « Sortir de Prison » ?
Parce que c’est en jouant en famille que nous apprenons le mieux !
Trouver des jeux de société qui puissent rassembler les parents et leurs enfants. Ce n’est pas toujours facile de faire jouer ensemble une fratrie même quand l’écart d’âge est important… sans que personne ne s’ennuie ou se trouve en difficulté !
C’est pourquoi, détourner les jeux de société est une solution intéressante. Nous l’avons mise en pratique dans notre famille lorsque nous avons débuté l’instruction en famille. Cette méthode nous permet d’adapter à notre convenance les jeux pour que toute la famille joue, apprenne, passe un moment agréable ensemble.
Nous vous proposons de télécharger gratuitement les différents éléments nécessaires pour jouer au Monopoly détourné en cliquant ici ! (Attention : il est indispensable de posséder le jeu du Monopoly pour jouer au Monopoly détourné!)
Le Monopoly détourné, un jeu éducatif, à télécharger :
- 2 dés spéciaux à fabriquer,
- des cartes « question »
- niveau 1, adaptées pour les 8-10 ans,
- 11-13 ans : niveau 2
- niveau 3, pour les 14 ans et +
- la notice de montage
- la nouvelle règle du jeu.
Merci Sandrine et Christophe pour cet article très intéressant. Je retrouve là l’un des moyens les plus simples de proposer de l’apprentissage ludique, le détournement des jeux déjà existants. C’est tellement facile et pratique. Surtout lorsqu’on connait déjà bien le jeu, les règles coulent alors de source et il est beaucoup plus simple d’en trouver de nouvelles ou d’utiliser les anciennes pour y ajouter des questions ou autre. Merci pour ce très bel exemple avec le Monopoly =)